retour Accueil Le village de Trois-Moulins

Comme son nom l'indique, le village est composé de trois moulins en cascade sur le “ Ru du Jard ”. Un château, avec sa chapelle, et quelques maisons forment le reste de ce hameau (voir vue générale) un peu particulier, à cheval sur trois communes : Maincy, Melun et Rubelles.

un coin de Trois-Moulins
Un coin de Trois-Moulins © collection particuliers

Cette carte postale (datant d'avant 1910) montre le centre du village, appelé aussi “ Carrefour (ou place) de Trois-Moulins ”. La photo est prise dos au moulin d'en haut (Moulin du Roy). Sur la droite, le ruisseau passe sous le pont de pierre avant d'arriver à un lavoir puis au Moulin du milieu. Sur la gauche on aperçoit les communs du château. Au bord de la route, au premier plan, on distingue les rails du “ tacot de Verneuil ” (tramway à vapeur de Melun à Verneuil l'Etang).
Les personnages de la carte postale seraient Mme Gandin (femme du cocher du château) et sa fille Marcelle (il existe une version "colorisée" de cette carte).
Aujourd'hui encore, cette vue a assez peu changé, il ne manque que les rails, le muret en pierre, le lavoir et les personnages...

Le “ Moulin du Roy ” est situé sur la commune de Rubelles, les deux autres moulins étaient situés sur la commune de Melun ; le château et la chapelle sont sur celle de Maincy.

En descendant le chemin, on arrive au “ bas de Trois-Moulins ”, où se trouvent le Moulin du bas, le Pont de Maincy peint par Cézanne.

le bas de Trois-Moulins
Le bas de Trois-Moulins © collection Lilian Louvet

Cette photo, prise avant la dernière guerre, nous montre la vue de Trois-Moulins qu'on avait en arrivant de Melun, par les bords de l'Almont. Ce chemin était la voie principale, avant la construction du Chemin de Grande Communication (CGC 117). La maison située en face du chemin existe encore, c'est celle qui est le plus près du Pont de Maincy.
Au milieu de la photo, on a le Moulin du bas, sous un angle assez rare. On aperçoit un bout de la grande roue, la cheminée qui fume et la partie habitation, qui existe encore. En haut, à gauche, on aperçoit le toit du Moulin du milieu, qui dépasse. Certains bâtiments, à gauche, existent encore.
Cette vue est probablement celle qu'a eue Cézanne en venant peindre le pont.

Château de Trois-Moulins

Château de Trois-Moulins
Version colorisée d'une carte postale ancienne
représentant la grille et le château de Trois-Moulins (voir autre carte).
On aperçoit les rails du tramway de Verneuil, au premier plan.

Le château de Trois-Moulins est plutôt une demeure bourgeoise, qu'un véritable château. On le dit construit au XVIIème siècle mais les plans semblent montrer que le bâtiment actuel date plutôt du XVIIIème.
On voit d'ailleurs sur ceux-ci que pour réaliser le parc actuel, on n'a pas hésité à détruire une partie du village, dont le pressoir banal...

Château de Trois-Moulins
Carte postale ancienne le château de Trois-Moulins, vu des bords de l'Almont,
en bas du parc. © collection particuliers.

Le style est d'époque XVIIIème, avec des adjonctions du XIXème.
© Lucien V. (1990)
Les parties les plus anciennes du château dateraient de 1674. © photo Lucien V. 1990

Parmi les anciens propriétaires, on citera :

Parmi ces occupants, nous nous arrêterons sur le comte Franz de Champagny (1804-1882) :
Franz Joseph Marie Thérèse Nompère de Champagny est né le 8 septembre 1804, à Vienne, où son père, Jean-Baptiste Nompère de Champagny, duc de Cadore, était ambassadeur de Napoléon 1er. Il a comme parrain l'Empereur François II d'Autriche. Son père sera Ministre de l'Intérieur.

Publiciste, fervent catholique, il écrira de nombreux ouvrages historiques sur Rome, et les débuts de la chrétienté. En 1870, il est élu à l'Académie Française. On a tendance à dire qu'il est né Académicien.
Il est membre de la Société Historique de Seine-et-Marne. Il est enterré dans la Chapelle du château...

Franz a eu une fille, Blandine (1841), née sourde et muette, et un fils, Pierre (1846), qui décédera de maladie à l'adolescence. Blandine se mariera en 1864 avec Charles, comte de La Forest-Divonne, sourd et muet aussi. De cette union naîtront deux fils :

François de La Forest-Divonne, se mariera avec une américaine, Anne Hronesh. Ils vivront à Trois-Moulins, jusqu'en 1929, avant de partir pour les Etats-Unis, avec leurs enfants.
Les habitants se rappelaient bien cette famille : Marie, l'aînée des enfants, faisait le catéchisme aux enfants du village. Les habitants pouvaient venir assister à la messe dans la petite chapelle privée de la propriété.

Chapelle de Trois-Moulins

La chapelle n'est pas le bâtiment le plus connu de Trois-Moulins, pourtant ce n'est pas d'une qu'il va être question mais de deux ! Cela explique que je lui consacre un chapitre particulier *1.
carrefour en 1729

Chapelle Saint François de Sales :

La première chapelle fut construite en 1687 sur la place du village, près du portail actuel du château. A cette époque, cette partie ne dépendait pas de Maincy mais de la paroisse Saint-Liesne-lez-Melun (Melun).
C'est Messire Paul Lefranc, Avocat au parlement, propriétaire du château, qui la fit construire. La première pierre fut bénie le 12 juillet 1687, la cloche le 16 septembre et la chapelle, placée sous le vocable de Saint François de Sales, reçue sa bénédiction le 29 juin 1688. Elle accueillait les habitants du village et les châtelains.
Elle appartint aux différents propriétaires du château qui se succédèrent.
La chapelle fut entièrement détruite pendant la Révolution : vendue comme bien national ?
On voit (repère A), sur ce plan de 1729 (Archives Départementales) communiqué par M. Louvet, qu'elle était située sur un triangle de terrain entouré par les chemins. Elle avait même donné son nom à un pré voisin : pré de la Chapelle des Granges (je ne sais pas si le mot Grange a un rapport avec le type de bâtiment ou avec la famille “ des Granges ”).
© Lucien V. (1990)

Chapelle du château de Trois-Moulins :

Cette seconde chapelle existe encore. Il est probable qu'elle ai été construite tout près (si ce n'est à l'emplacement même) de l'ancienne. Elle est située à l'intérieur de l'enceinte du château et je ne sais pas si ce sont les murs ou la chapelle qui s'est déplacée. Cette partie du village dépend de Maincy depuis la Révolution.
C'est Marie Benoit du Portail, propriétaire du château déjà avant la Révolution, qui la fit construire à l'intérieur de la propriété pour servir de sépulture familiale. Elle y fut inhumée “ par permission civile, attendu que la dite chapelle n'a été nullement profanée, et que l'on peut y faire les cérémonies religieuses... 
Le baron Desmichels, autre propriétaire, n'y fut pas inhumé car la chapelle était restée sépulture familiale des Des Essarts.
Charles Pierre Henry Chevallier Des Essarts, qui s'éteignit à 79 ans à Sivry, y fut inhumé en 1846. A cette inhumation assistait le baron Siméon Alexis du Tremblay, propriétaire du château de Rubelles et de la faïencerie, et le nouveau propriétaire du château de Trois-Moulins, François Joseph Nompere comte Franz de Champagny, fils du duc de Cadore, Académicien.
Ce dernier, considéré comme un Saint homme par l'abbé Fortin, y fut inhumé en 1882, à l'age de 77 ans. Selon l'abbé “ il aimait y venir chaque jour prier et méditer ”. Il arrivait que les villageois assistent à certains offices. Elle est encore aujourd'hui la propriété de la famille de La Forest-Divone, héritière directe du comte de Champagny, dont une partie des descendant réside sur le continent américain. Elle a été restaurée il y a un peu plus d'une dizaine d'année. © photo Lucien V. 1990

Moulin du Roy

Moulin du Roy (2005)
Moulin du Roy après sa restauration (photo panoramique © Lucien V. 2005)
Placer le curseur sur l'image pour voir les évolutions entre avant et après restauration.

Il est le premier des trois (en amont) sur le “ Ru du Jard ”.
Des documents montrent l'existence de ce moulin dès l'an 980. Il appartient ensuite à la famille royale jusqu'à ce qu' Henri IV le vende au gouverneur de Melun en 1594.
Après avoir changé plusieurs fois de propriétaires il est transformé en laiterie en 1889 par la famille Mollereau (2 frères et leurs femmes).
L'écrivain “ Henry de Monfreid ” y fut laitier de 1909 à 1910, avant de commencer sa vie d'aventures.
Ce furent ensuite les Leclère qui vendirent finalement le fond de commerce à la famille Jonot (1912) qui continuera cette activité. La laiterie cessa vers 1960.
La partie droite du bâtiment (habitation) vient de subir une rénovation lui permettant de se rapprocher de son allure ancienne. La terrasse a fait place à un toit proche de l'ancien ; le crépi a été retiré afin de faire resortir les pierres. Des lucarnes supplémentaires ont été ajoutées.
(voir les pages : Historique du Moulin du Roy et Laiterie de Trois-Moulins)

Moulin du milieu

© Streichert
Moulin du milieu, pris depuis la place de Trois-Moulins
© photo M et Mme Streichert (1980)

Le “ Moulin du milieu ”, comme celui du bas, n'était pas, à l'origine, un moulin “ à moudre ” mais un “ Foulon à drap ”. Il utilisait la force motrice de l'eau pour faire fonctionner des marteaux pillons qui écrasaient le tissu servant à la fabrication du “ drap ”, sorte de feutre dont on se servait pour faire des manteaux (dont les fameuses “ capotes ” des soldats de la guerre 1914-18). Au XVIIème siècle, devant la pénurie de moulins pour moudre le grain, certains “ moulins foulons ” furent transformés en “ moulin à moudre ”. Celui ci en fit parti. Il était autorisé à moudre du grain qui n'était pas soumis à la banalité car provenant de lieux éloignés (hors de la banalité ou banlieue).

Louis Aussière et son fils en seront les derniers meuniers jusque vers 1886. Les Gandrille, propriétaires du Moulin du bas, le rachetèrent en 1882. Les bâtiments serviront d'annexes au Moulin du bas. Le dernier meunier du bas, Marius Houard, y travailla dans sa jeunesse : il y faisait de la farine pour les animaux. Plus tard, il fut transformé en habitation.

La hauteur de chute fut réutilisée pour augmenter celle du Moulin du bas à l'aide d'un chenal métallique. Sur un plan ancien (XVIIIème siècle), on aperçoit un canal de décharge qui contourne le moulin.

Le bâtiment, à l'abandon, brûla en 1981. Il ne subsista que les murs extérieurs, jusqu'à ce qu'un jour de fin octobre 2003 les grues rasèrent l'ancienne bâtisse pour faire place à des terrains à bâtir.
Un projet plus ancien avait semé la révolution dans le village : pétitions, articles dans les journaux, journée porte ouverte pour faire connaître le village avaient réunis les habitants. Finalement le projet avait été abandonné, sans doute pour des raisons financières. A cette heure je ne connais pas la nature du nouveau projet.
C'était sûrement le moins connu des trois moulins, discret à mi côte du chemin qui reliait les trois moulins.


Moulin du bas

© collection Lucien V.
Moulin du bas avant 1907, détail d'une carte postale ancienne (© collection Lucien V.)

Le “ Moulin du bas ” est le dernier à avoir fonctionné. A la fin du XIXème siècle, le développement des grands moulins industriels (Grands Moulins de Melun) entraîne la fermeture des petits moulins. Ceux qui veulent survivre doivent se moderniser, s'agrandir. Ils doivent récupérer de la force motrice pour les faire fonctionner. Pour celui-ci, on augmenta la hauteur de la chute en récupérant celle du Moulin du milieu au moyen d'un chenal métallique, on remplaça la grande roue par une turbine, puis ensuite on installa des moteurs électriques reliés au réseau électrique. Il appartenait à l'époque à M. Emile Gandrille. Sur un plan ancien (XVIIIème siècle), on aperçoit un canal de décharge qui contourne le moulin.

Il fonctionna jusqu'à ce qu'il fut détruit par un incendie accidentel, la nuit du 17 février 1941. Comme dans la chanson “ Meunier tu dors ”, d'après Marius Houard surnommé Marius des Trois-Moulins, le dernier meunier, l'ouvrier de garde s'endormit, n'opérant plus les opérations nécessaires de graissage des paliers, ce qui provoqua un échauffement qui enflamma les poussières de farines. Les Allemands, occupants pendant la guerre de 1939-45, convoquèrent le meunier et l'accusèrent d'avoir mis le feu volontairement, à une époque où toutes lumières étaient interdites la nuit, afin d'attirer les avions alliés.

Sur la vue ci-dessus, on aperçoit la roue de grand diamètre qu'il y avait à l'époque. Aujourd'hui il ne reste qu'un bout de mur sur lequel on aperçoit encore les traces de la roue. Le reste des bâtiments a été transformé en habitation (voir autres vues du moulin).


(*1) Sources : “ Le village de Maincy-lez-Melun ” par J. Fortin, curé de Maincy (Imprimerie Legrand 1927, épuisé, réédité aux édition Amattéis) ; Bulletin Nº7 de l'Association “ Les Amis du Vieux Maincy ”, articles de Michel Lucas

le Coudray (Maincy)
le Pont de Maincy, peint par Cézanne
Fontaines de Trois-Moulins, peinte par Alexandre Antigna)
Suite vers : Trois-Moulins au fil du temps

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