Comme son nom l'indique, le village est composé de trois moulins en cascade sur le Ru du Jard . Un château, avec sa chapelle, et quelques maisons forment le reste de ce hameau (voir vue générale) un peu particulier, à cheval sur trois communes : Maincy, Melun et Rubelles.
Cette carte postale (datant d'avant 1910) montre le centre du village, appelé aussi Carrefour (ou place) de Trois-Moulins . La photo est prise dos au moulin d'en haut (Moulin du Roy). Sur la droite, le ruisseau passe sous le pont de pierre avant d'arriver à un lavoir puis au Moulin du milieu. Sur la gauche on aperçoit les communs du château. Au bord de la route, au premier plan, on distingue les rails du tacot de Verneuil (tramway à vapeur de Melun à Verneuil l'Etang).
Les personnages de la carte postale seraient Mme Gandin (femme du cocher du château) et sa fille Marcelle (il existe une version "colorisée" de cette carte).
Aujourd'hui encore, cette vue a assez peu changé, il ne manque que les rails, le muret en pierre, le lavoir et les personnages...
Le Moulin du Roy est situé sur la commune de Rubelles, les deux autres moulins étaient situés sur la commune de Melun ; le château et la chapelle sont sur celle de Maincy.
En descendant le chemin, on arrive au bas de Trois-Moulins , où se trouvent le Moulin du bas, le Pont de Maincy peint par Cézanne.
Cette photo, prise avant la dernière guerre, nous montre la vue de Trois-Moulins qu'on avait en arrivant de Melun, par les bords de l'Almont. Ce chemin était la voie principale, avant la construction du Chemin de Grande Communication (CGC 117). La maison située en face du chemin existe encore, c'est celle qui est le plus près du Pont de Maincy.
Au milieu de la photo, on a le Moulin du bas, sous un angle assez rare. On aperçoit un bout de la grande roue, la cheminée qui fume et la partie habitation, qui existe encore. En haut, à gauche, on aperçoit le toit du Moulin du milieu, qui dépasse. Certains bâtiments, à gauche, existent encore.
Cette vue est probablement celle qu'a eue Cézanne en venant peindre le pont.
Parmi les anciens propriétaires, on citera :
Parmi ces occupants, nous nous arrêterons sur le comte Franz de Champagny (1804-1882) :
Franz Joseph Marie Thérèse Nompère de Champagny est né le 8 septembre 1804, à Vienne, où son père, Jean-Baptiste Nompère de Champagny, duc de Cadore, était ambassadeur de Napoléon 1er. Il a comme parrain l'Empereur François II d'Autriche. Son père sera Ministre de l'Intérieur.
Publiciste, fervent catholique, il écrira de nombreux ouvrages historiques sur Rome, et les débuts de la chrétienté. En 1870, il est élu à l'Académie Française. On a tendance à dire qu'il est né Académicien.
Il est membre de la Société Historique de Seine-et-Marne. Il est enterré dans la Chapelle du château...
Franz a eu une fille, Blandine (1841), née sourde et muette, et un fils, Pierre (1846), qui décédera de maladie à l'adolescence. Blandine se mariera en 1864 avec Charles, comte de La Forest-Divonne, sourd et muet aussi. De cette union naîtront deux fils :
La chapelle n'est pas le bâtiment le plus connu de Trois-Moulins, pourtant ce n'est pas d'une qu'il va être question mais de deux ! Cela explique que je lui consacre un chapitre particulier *1.
Il est le premier des trois (en amont) sur le Ru du Jard .
Des documents montrent l'existence de ce moulin dès l'an 980. Il appartient ensuite à la famille royale jusqu'à ce qu' Henri IV le vende au gouverneur de Melun en 1594.
Après avoir changé plusieurs fois de propriétaires il est transformé en laiterie en 1889 par la famille Mollereau (2 frères et leurs femmes).
L'écrivain Henry de Monfreid y fut laitier de 1909 à 1910, avant de commencer sa vie d'aventures.
Ce furent ensuite les Leclère qui vendirent finalement le fond de commerce à la famille Jonot (1912) qui continuera cette activité. La laiterie cessa vers 1960.
La partie droite du bâtiment (habitation) vient de subir une rénovation lui permettant de se rapprocher de son allure ancienne. La terrasse a fait place à un toit proche de l'ancien ; le crépi a été retiré afin de faire resortir les pierres. Des lucarnes supplémentaires ont été ajoutées.
(voir les pages : Historique du Moulin du Roy et Laiterie de Trois-Moulins)
Moulin du milieu, pris depuis la place de Trois-Moulins
© photo M et Mme Streichert (1980)
Le Moulin du milieu , comme celui du bas, n'était pas, à l'origine, un moulin à moudre mais un Foulon à drap . Il utilisait la force motrice de l'eau pour faire fonctionner des marteaux pillons qui écrasaient le tissu servant à la fabrication du drap , sorte de feutre dont on se servait pour faire des manteaux (dont les fameuses capotes des soldats de la guerre 1914-18). Au XVIIème siècle, devant la pénurie de moulins pour moudre le grain, certains moulins foulons furent transformés en moulin à moudre . Celui ci en fit parti. Il était autorisé à moudre du grain qui n'était pas soumis à la banalité car provenant de lieux éloignés (hors de la banalité ou banlieue).
Louis Aussière et son fils en seront les derniers meuniers jusque vers 1886. Les Gandrille, propriétaires du Moulin du bas, le rachetèrent en 1882. Les bâtiments serviront d'annexes au Moulin du bas. Le dernier meunier du bas, Marius Houard, y travailla dans sa jeunesse : il y faisait de la farine pour les animaux. Plus tard, il fut transformé en habitation.
La hauteur de chute fut réutilisée pour augmenter celle du Moulin du bas à l'aide d'un chenal métallique. Sur un plan ancien (XVIIIème siècle), on aperçoit un canal de décharge qui contourne le moulin.
Le bâtiment, à l'abandon, brûla en 1981. Il ne subsista que les murs extérieurs, jusqu'à ce qu'un jour de fin octobre 2003 les grues rasèrent l'ancienne bâtisse pour faire place à des terrains à bâtir.
Le Moulin du bas est le dernier à avoir fonctionné. A la fin du XIXème siècle, le développement des grands moulins industriels (Grands Moulins de Melun) entraîne la fermeture des petits moulins. Ceux qui veulent survivre doivent se moderniser, s'agrandir. Ils doivent récupérer de la force motrice pour les faire fonctionner. Pour celui-ci, on augmenta la hauteur de la chute en récupérant celle du Moulin du milieu au moyen d'un chenal métallique, on remplaça la grande roue par une turbine, puis ensuite on installa des moteurs électriques reliés au réseau électrique. Il appartenait à l'époque à M. Emile Gandrille. Sur un plan ancien (XVIIIème siècle), on aperçoit un canal de décharge qui contourne le moulin.
Il fonctionna jusqu'à ce qu'il fut détruit par un incendie accidentel, la nuit du 17 février 1941. Comme dans la chanson Meunier tu dors , d'après Marius Houard surnommé Marius des Trois-Moulins, le dernier meunier, l'ouvrier de garde s'endormit, n'opérant plus les opérations nécessaires de graissage des paliers, ce qui provoqua un échauffement qui enflamma les poussières de farines. Les Allemands, occupants pendant la guerre de 1939-45, convoquèrent le meunier et l'accusèrent d'avoir mis le feu volontairement, à une époque où toutes lumières étaient interdites la nuit, afin d'attirer les avions alliés.Sur la vue ci-dessus, on aperçoit la roue de grand diamètre qu'il y avait à l'époque. Aujourd'hui il ne reste qu'un bout de mur sur lequel on aperçoit encore les traces de la roue. Le reste des bâtiments a été transformé en habitation (voir autres vues du moulin).
(*1) Sources : Le village de Maincy-lez-Melun par J. Fortin, curé de Maincy (Imprimerie Legrand 1927, épuisé, réédité aux édition Amattéis) ; Bulletin Nº7 de l'Association Les Amis du Vieux Maincy , articles de Michel Lucas
le Coudray (Maincy)
le Pont de Maincy, peint par Cézanne
Fontaines de Trois-Moulins, peinte par Alexandre Antigna)Suite vers : Trois-Moulins au fil du temps