L'Almont est le troisième nom du ruisseau l'Ancoeur. Le premier tronçon, le Ru d'Ancoeur , est long d'environ 15kms ; le second, le Ru d'Ancueil , long d'environ 8kms. La rivière porte ce nom à la sortie du grand bassin dit de La Poêle creusé dans le parc du château de Vaux-le-Vicomte .
L'origine du nom Almont n'est pas définie mais est peut être d'origine romaine ou latine. l'Almon (aujourd'hui Aquataccio) est le nom d'un petit ruisseau qui se jette dans le Tibre au sud de Rome (ce qui pourrait expliquer la statue du Tibre dans le parc de Vaux-le-Vicomte symétriquement à la statue de l'Anqueil). Almon est aussi le dieu de la rivière, père de la nymphe Lara, dans la mythologie romaine. Certains font le lien avec le mot latin almus signifiant nourricier, bienfaisant, fécondant. La vallée, plus large depuis le parc de Vaux, a peut être fertilisé les terres au grès des inondations. C'est le long de son court que sont situés les principaux jardins maraîchers alimentant Melun en légumes. Cette zone était sûrement un marais, comme semble l'indiquer le nom d'un quartier melunais le Marais , qui a été asséché et transformé en terres cultivables. Le lieu justifierait pleinement l'étymologie du mot maraîcher : celui qui cultive un marais dans une ville (selon le dictionnaire Robert). Il y a quelques siècles, les légumes étaient cultivés autour des villes dans les marais où les familles avaient un lopin de terre. Avec cette thèse on comprend que les citadins aient donné un nom différent à la rivière.
- le Moulin des Jumeaux (sur le ru des Jumeaux)
- le Moulin de la Ferme (sur le ru des Jumeaux)
- le petit Moulin de Tilloy (vers la cascade actuelle)
- le grand Moulin de Tilloy (vers le bassin de la Poêle).
Le manoir de Vaux, en mauvais état, a été acheté par Nicolas Foucquet le 1er février 1641 à François Lotin de Charny . Les travaux de rénovation du manoir puis plus tard d'agrandissement du domaine commencent. La construction du château (en remplacement du manoir) commence en 1653. En 1655 les habitants de l'ancien village sont expropriés. Le 9 juin 1659, après la construction de la châpelle du château (bénie le 30 mars 1659), l'évêque autorise la démolition de l'église ancienne du village et la suppression officielle de la paroisse de Vaux. Le domaine est complètement remanié par Le Notre et Le Vau . Tous les bâtiments sont démolis, seul survivant de cette époque le vieux pont (en amont du bassin de La Poêle ). Le Ru des Jumeaux est canalisé : venant de vers St-Germain-Laxis, il passe derrière le parking face à l'entrée (c'est sans doute dans ces parages que se trouvait le Moulin des Jumeaux ), passe sous la route au creux d'une vallée encaissée, alimente un étang dans la partie privée du château (à gauche de l'entrée), ensuite il alimente les différents jeux d'eau du parc, les fossés et finit par une dernière cascade avant de rejoindre l'Almont au bassin de la Poêle.
Le château témoigne de l'ambition et de l'appétit de gloire de Fouquet, qui réunit les plus grands talents du XVIIe siècle pour édifier un fastueux palais
qui lui coûta sa disgrâce.
Issu d'une famille de la noblesse de robe, Nicolas Fouquet devint procureur général du Parlement de Paris puis surintendant des Finances de Mazarin, en 1653. Chargé de remplir les caisses de l'Etat, il utilise le trésor royal comme sa caisse personnelle, ne faisant que suivre les habitudes de l'époque et l'exemple de Mazarin.
En 1656, il décide de faire élever un château digne de sa puissance dans son domaine seigneurial de Vaux. Il a le goût de s'entourer des artistes les plus talentueux de son époque : l'architecte Le Vau, le peintre-décorateur Le Brun et le jardinier-paysagiste Le Nôtre, mais aussi le maître d'hôtel Vatel, les auteurs La Fontaine et Molière
18 000 ouvriers mettent 5 ans pour transformer la forêt en superbe château : trois anciens villages sont rasés, une manufacture de tapisserie est spécialement créée
Fouquet fait orner le fronton de sa devise : Quo non ascendet ? (jusqu'où ne montera t'il).
Mais Fouquet a l'impudence de vouloir impressionner le jeune Louis XIV qui séjourne à Fontainebleau. En 1661 (Louis XIV a 23 ans), le ministre orgueilleux réunit tous les ingrédients d'une fête munificente : souper de Vatel servi dans un service en or massif (le roi vient de faire fondre sa vaisselle pour faire face aux dépenses de la guerre), pièce créé spécialement par Molière dans le théâtre de verdure, concert de La Fontaine, joutes sur l'eau, parc animé de plus de 1000 jets d'eau, ballets, loteries où tous les numéros gagnent, feux d'artifice.
Exaspéré par ce faste tapageur, le roi regagne son petit pavillon de chasse de Fontainebleau, refusant de passer la nuit dans la chambre préparée pour lui. Trois semaines plus tard, Fouquet est arrêté, condamné à la prison perpétuelle (il mourut dans la forteresse de Pignerol en 1680).
Louis XIV décide alors de faire construire le château de Versailles par les mêmes créateurs. La manufacture de tapisserie est transférée aux Gobelins à Paris. En 1673, le château est rendu à Madame Fouquet, créancière de son mari par sa dot, leur fils devient vicomte de Vaux et de Melun.
A sa mort, le château est racheté par le maréchal de Villars (qui fait peindre ses victoires
). Voltaire est un invité privilégié de Mme la Maréchale. Puis le château devient la propriété du duc de Choiseul-Praslin, ministre des affaires étrangères de Louis XV qui crée la bibliothèque.
En 1793, la duchesse de Praslin réussit à faire éviter la destruction de son château en léguant les oeuvres de Le Brun à la Nation. Mais par manque d'entretien, le château se dégrade.
En 1875, l'industriel Alfred Sommier achète le domaine et consacre le restant de ses jours à le restaurer, le remeubler, reconstituer les jardins. Ses descendants poursuivent aujourd'hui son oeuvre : le château et son parc ont été classés monument historique en 1965.
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Anciennement Minciacum , domaine de Mincius. Seigneurie du marquisat de Nangis, puis de la vicomté de Melun.
En 1641, Nicolas Fouquet, surintendant des Finances de Louis XIV, acheta la terre de Vaux et fit construire le château de Vaux-le-Vicomte. Il fonde aussi une manufacture de tapisseries qui constitua le noyau de la Manufacture des Gobelins.
Eglise à la collation de l'archevêque de Sens.
Sur l'écusson on remarque les raisins pour rappeler que la culture de la vigne était importante dans la région (50 ha répertoriés en 1809) ; les épis de blé pour les cultures céréalières importantes dans la Brie ; les rochers pour les carrières et la production d'une chaux réputée jusqu'à Paris ; les roues de moulin qui rappellent les nombreux moulins nécessaires pour moudre le grain produit dans la région ; les fleurs de lys, le château et l'écureuil, symbole de Fouquet, pour montrer que Vaux-le-Vicomte fait parti de la commune.
Après la sortie du parc de Vaux, l'Almont passe au pied du village de Maincy , le bourg étant situé à flanc de coteau.
Pour le curieux qui passerait en voiture, il ne remarquerait de moulins que cette girouette moderne représentant Don-Quichotte (photo à gauche, mai 2005 © Lucien V.). Pourtant deux moulins sont au cur même du village, bien en évidence. Si on ne les remarque pas c'est que le cours d'eau est discret et qu'on a du mal à imaginer des moulins sur le coteau. Le second est même situé tout près de l'église. On les chercherait plutôt vers l'Almont.
Pour découvrir les moulins, il vaut mieux se promener à pied à travers les ruelles.
C'est vers les salles polyvalentes (près de la Mairie) qu'un maigre ruisseau prend sa source : le Ru de la Fontaine (appelé aussi Ru des Moulins ou Ru des Meuniers).
Il serpente à travers les bâtiments (voir photo complémentaire) avant d'arriver au Moulin de la Porte .
Du moulin il ne reste que l'immense bâtisse qui domine la Place des Fourneaux (carte postale ancienne de la Place des Fourneaux, © collection Lucien V. ; voir autre photo complémentaire). Ce moulin doit son nom à sa situation, près de la porte de l'ancien château. On a du mal à imaginer que ce mince filet d'eau fournissait une force motrice suffisante. Aujourd'hui la bâtiment a été transformé en logements. Selon l'abbé Fortin (*1) : le 20 juillet 1597, sur le procès-verbal de la prisée et estimation des ustensiles , à la requête du seigneur d'Escoubleau, il est dénommé le moulin devant le chasteau de Maincy : c'est son titre le plus ancien.
Le ruisseau alimente le lavoir, sur la place, avant de couler tranquillement le long de la Ruelle du Ru (photo mai 2005 © Lucien V.).
Le ru arrive ensuite près de l'Almont.
C'est là que se trouve le Moulin des Prés (appelé aussi Moulin Colette ou Moulin Saint-Étienne après 1918) (photo à droite provenant du livre de l'abbé Fortin ; voir les autres photos complémentaires). Contrairement à ce que l'on pourrait imaginer, c'est le Ru qui le faisait fonctionner et non pas l'Almont. Cours moins capricieux ? Là encore l'abbé Fortin (*1) nous apporte les précisions suivantes : Le Moulin des Prés est mentionné sur un titre du 15 novembre 1492 : Prinse à tiltre de chef cens et rente, fait par Jehan Roche l'aisné et Jehan Roche le jeune, mosniers de Messire Pierre des Bones, chevalier de la place et sault du moulin appelé le moulin du pré, séant à Maincy, avec ung closeau près du dit moulin, à plains déclarés, et pour 2 sols parisis de chef cens et 3 muys de blé froment de rente annuels et perpétuels
(titres conservés à Vaux-le-Vicomte).
Ce moulin est sans doute l'un des plus anciens moulins à papier de France. L'abbé Fortin (*1) cite la présence d'une papeterie sans en mentionner le lieu. C'est Michel Lucas (*2) qui cite : Ung molin dit le molin du pré en la ville de Mincy, qui est Jehan Poche, papetier . Ce texte est de 1385 et situe la papeterie de Maincy au Moulin des Prés
Dès 1380, d'ailleurs, on trouve mention du papier à l'uvre de Mainssy et ce papier se vendait 18 deniers la main chez Girardin Grosselin, libraire à Melun.
Toujours d'après l'abbé Fortin (*1), ces 4 moulins, possédés par les seigneurs de Maincy d'après des titres du seizième siècle, furent achetés par Nicolas Fouquet avec les biens seigneuriaux de Maincy. Ils restèrent incorporés au domaine de Vaux jusqu'en 1847 et furent alors vendus à des particuliers.
Ce sont 4 moulins fariniers qui sont cités à Maincy en l'an X, sans précision de nom de moulin : Jean-Baptiste BOULANGER, Jacques BRIERE, Louis DENIS, Philippe GALLÉE. (*3)
Au XVIIe siècle, ce sont les eaux du ru qui seront utilisées pour teindre la laine de la manufacture de Fouquet ; au XIXe, ce sera au tour des blanchisseries de tirer profit de cette ressource.
L'Almont traverse ensuite des terres agricoles avant d'arriver en bas du villa ge de Trois-Moulins et de passer sous le Pont de Maincy (pont Cézanne ). C'est à cet endroit que le Ru du Jard la rejoint.
Mécène complet, Fouquet avait sa propre manufacture de tapisserie, dirigée par Le Brun, à Maincy. la manufacture fut installée dans un ancien couvent des Carmes de Melun et Louis XIV érigea le site en « Manufacture de tapisserie de haute lisse privilégiée ». Louis XIV saisit tant les oeuvres que les artisans et confie à Le Brun, qu'il nommera premier peintre du roi , l'organisation de la manufacture royale. En 1662, Colbert rassembla en un même lieu, à Paris, sur les bords de la Bièvre, les divers ateliers de la capitale (et celui que Fouquet avait établi à Maincy, en 1660), créant ainsi la Manufacture Royale des Gobelins, qui produira, outre des tapisseries, des meubles et des pièces d'orfèvrerie, et contribuera à orienter le style des arts décoratifs en général.
(*1) Le Village de Maincy-lez-Melun par J. Fortin, curé de Maincy (1927)
(*2) Maincy, un village en Ile de France aux portes de Vaux-le-Vicomte par Michel Lucas (1978 ; éditeur société Gaet, Maincy)
(*3) État des moulins à farine de Seine-et-Marne en l'an X (A.N. F20 294) paru dans le bulletin Nº31 du C.G.H.S.M.
le Pont de Maincy, peint par Cézanne
Suite vers : l'Almont en aval de Trois-Moulins, les derniers moulins de Melun