retour Accueil Voltaire à Vaux-Villars

Voltaire est un des invités de Mme la Maréchale De Villars, à Vaux-Villars. En 1719 il lui dédie cet épître, où on retrouve le nom de l'Anqueil (que l'on retrouve souvent orthographié Arcueil).

“ La jeune duchesse De Villars avait trente ans de moins que son mari qui en était fort épris et fort jaloux. Elle l'avait épousé en 1701 ; elle n'avait pas vingt ans alors qu'il en avait près de cinquante. Elle était jolie, intelligente, spirituelle, musicienne, et par suite très entourée et courtisée. Ses invités rencontraient fréquemment à Vaux un jeune homme de taille médiocre, mince, alerte, pétri d'esprit et poète, Voltaire. Son entrain, sa malice égayaient les plus maussades et les soirées semblaient ternes quand il n'était pas là. Voltaire fut, lui aussi, parmi les adorateurs de madame De Villars, et, semble-t-il, sincèrement amoureux de cette gracieuse et séduisante personne. Il lui adressa des vers, qui sont restés célèbres : Epître à Madame la Maréchale De Villars.
Le maréchal, non plus, ne s'émouvait guère de cet amour et de ces madrigaux. Il appelait Voltaire : mon grand poète, se plaisait à le voir souvent à Villars, l'y conviait lui-même, et lui écrivait de longues lettres, qui font voir dans quelle intimité Voltaire était reçu à Vaux. Il y était d'ailleurs un hôte précieux car on comptait sur lui pour l'organisation des divertissements et la répétition des comédies. Les représentations théâtrales tenaient en effet une grande place dans la vie quotidienne. Un théâtre avait été aménagé dans un endroit que nous ignorons, et sur lequel Voltaire mettait en scène les tragédies et les comédies jouées par les invités et la maréchale elle-même. Peut-être composa-t-il quelques pièces impromptues et de circonstance dont le souvenir serait perdu... ”
(*1)


Epître à Madame la Maréchale De Villars

Divinité que le ciel fit pour plaire,
Vous qu´il orna des charmes les plus doux,
Vous que l´Amour prend toujours pour sa mère,
Quoiqu´il sait bien que Mars est votre époux ;
Qu´avec regret je me vois loin de vous !
Et quand Sully quittera ce rivage,
Où je devrais, solitaire et sauvage,
Loin de vos yeux vivre jusqu´au cercueil,
Qu´avec plaisir, peut-être trop peu sage,
J´irai chez vous, sur les bords de l´Anqueil,
Vous adresser mes voeux et mon hommage !
C´est là que je dirai tout ce que vos beautés
Inspirent de tendresse à ma muse éperdue :
Les arbres De Villars en seront enchantés,
Mais vous n´en serez point émue.
N´importe : c´est assez pour moi de votre vue,
Et je suis trop heureux si jamais l´univers
Peut apprendre un jour dans mes vers
Combien pour vos amis vous êtes adorable,
Combien vous haïssez les manèges des cours,
Vos bontés, vos vertus, ce charme inexprimable
Qui, comme dans vos yeux, règne en tous vos discours.
L´avenir quelque jour, en lisant cet ouvrage,
Puisqu´il est fait pour vous, en chérira les traits :
Cet auteur, dira-t-on, qui peignit tant d´attraits,
N´eut jamais d´eux pour son partage
Que de petits soupers où l´on buvait très frais ;
Mais il mérita davantage.
CPA
Chapelle du château de Vaux-le-Vicomte
© collection Lucien V.


On trouve d'autres souvenirs de visites de Voltaire dans la région, notamment à Voisenon et à Melun :

“ A onze ans, il [l'abbé Fusée de Voisenon] adressait une épître à Voltaire, et le grand philosophe lui répondait en ces termes : « Vous aimez les vers ; je vous le prédis, vous en ferez de charmants. Soyez mon élève, et venez me voir. » Dès cette époque s´établirent entre Voltaire et Voisenon des relations d´amitié qui ne cessèrent qu´à la mort de l´élève. Voltaire vint très souvent au château de Voisenon, et les différents propriétaires de ce domaine ont toujours conservé, par tradition, la mémoire de ce séjour en montrant les appartement qu´y occupait le célèbre écrivain. ” (*2)

Melun lui a même donné, temporairement, le nom d'une rue :
“ La rue Guy Baudoin pouvant rappeler l'Empire ou l'Eglise, la Révolution en fit [...] la " rue Voltaire ".
Lorsqu'on prétendit que Voltaire était venu à Melun en 1719 chez son ami Thieriot que la tradition voulait résidant en notre rue, les autorités substituèrent, en l'an II, Voltaire aux Thermopyles... mais Guy Baudoin prévalut... ” (*3)

(*1) “ Le château de Vaux-le-Vicomte ” d'Anatole France (1933) ; suivi d'une étude historique par Jean Cordey, éditions “ Calmann Lévy ”

(*2) “ Monographie de la commune de Voisenon, rédigée par l'instituteur du village ” par Narcisse Massé (1888) ; publication (2006) A.V.I. (Association Voisenon Information), éditions “ Amatteis ”

(*3) “ Melun, En flânant dans les rues ” par J. et H. Clayette, Imprimerie “ La République ”

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