C'est dans l'ouest parisien, à partir de la création des premères lignes de chemin de fer, qu'ont débutées les premières laiteries en gros qui alimentaient Paris en lait.
A Bonnières-sur-Seine, près de Mantes, il y eut successivement plusieurs laiteries :
La première, créée en 1847, ne dura que quelques années.
Une seconde fut créée en 1858 par Louis Leblond, originaire d'une famille de l'Eure. Elle emploiera jusqu'à 25 personnes et produisait du beurre, de la crème, mais aussi un fromage à pâte molle : le Saint-Honoré (dépôt à Puteaux). Au décès de Leblond, en 1895, elle fut vendue à Ernest Colas et continuera à fonctionner jusqu'à la première guerre mondiale.
Jules Michaux, industriel à Bonnières (1863, création d'une raffinerie d'huile de schiste) et rival politique de Leblond, créera aussi sa laiterie en 1880. Cette dernière sera rachetée par la Société Laitière Maggi en 1901, qui créera sa propre exploitation laitière agricole, ainsi qu'un Institut du lait. Ce domaine était situé près de la Seine, sur environ cinq cents hectares entre les communes de Bonnières, Freneuse, Rolleboise et Rosny.
Société Civile des Cultivateurs de la Villeneuve-en-Chevrie
En décembre 1893, 105 cultivateurs du canton de Bonnières créent la “ Société Civile des Cultivateurs de la Villeneuve-en-Chevrie et autres communes ”. Le but de cette société est “ la vente des récoltes des associés, de leurs bestiaux, et plus spécialement du lait et produits en dérivant ”.
Cette association, dont le siège est à Jeufosse, s'est formée entre une centaine de cultivateurs du canton de Bonnières et des communes voisines, qui tous doivent appartenir à la Société agricole et horticole de l'arrondissement de Mantes ou au Syndicat de cette Société. Elle regroupe des agriculteurs des communes (Seine-et-Oise) de :
Blaru (x 19)
Notre-Dame-de-la-Mer (x 20)
Haie-de-Béranville (x 13)
La Villeneuve (x 34)
Les Guinets (x 16)
Chauffour (x 11)
Cravent (x 17)
Lommoye (x 6)
Boissy-Mauvoisin (x 46)
St-Illiers-la-Ville (x 20)
Mesnil-Guyon (x 14)
Bréval (x 1)
La laiterie (ou dépôt principal) est situé au lieu dit “ la vallée ”, commune de Jeufosse.
Un autre dépôt, situé 42 rue Martre à Clichy-sur-Seine (Clichy-la-Garenne), est destiné à l'écoulement en gros de la marchandise sur Clichy et Paris.
Comment s´effectuait le transport du lait ? Probablement par train car à Jeufosse passe une ligne de chemin de fer (gare de Bonnières ?) et Clichy est situé très près d´une gare de triage de la même Compagnie des chemins de fer de l'Ouest.
Mon arrière grand-père, Louis Jonot, entre dans la société en 1896 (âgé de 23 ans) en qualité de “ représentant à Paris pour l'emplacement de ses produits et notamment du lait et dérivés ”. De 1900 à septembre 1905, il est “ chef du dépôt de la dite société à Clichy sur Seine ”.
A ce titre, c´est lui qui donne les ordres au dépôt de Jeufosse, en ce qui concerne l´expédition et le travail des marchandise et il doit régulièrement faire le voyage de Clichy à Jeufosse.
En 1899 et en 1900, il demande aux administrateurs d´augmenter le nombre des producteurs pour pouvoir fournir tout ses clients. C´est à ce moment que s´ajoute successivement 23 sociétaires de Boissy et Jeufosse, 29 sociétaires de St-Illiers-le-Bois.
Parmi les clients on trouve : les économats de Clichy, des boutiques (laiteries ou crémeries) de quartier
En 1903, dix ans après la création de la société, 3 experts sont désignés pour évaluer les actifs de la société et, en cas de cessation de la société au bout de la durée initialement prévue, répartir ceux-ci entre les différents actionnaires. Un des 3 se trouve être un oncle de Louis Jonot : Jean-Baptiste Eugène Jonot, ancien laitier en gros.
Evaluation du dépôt de Jeufosse :
Voitures : 2570
Chevaux : 5570
Matériel, accessoires et marchandises : 16625
Porcherie, construction et sol : 1642
Habitation, écuries, hangar, laiterie et dépendances : 12000
On remarquera que, contrairement à celui de Jeufosse, les murs ne figurent pas dans l´inventaire de Clichy, on peut en conclure qu´il s´agissait d´un local loué.
Je n´ai pas d´autres indications quand au devenir de cette société et de ses dépôts.