La présence d'un hôpital à Rubelles, pour les blessés de la guerre 14/18, est peu connue. Il s'agissait de l'Hôpital Auxiliaire n°50, situé dans la propriété du comte de La Forest-Divonne, Grande rue, à Rubelles. Pour ma part, j'ai découvert cet hôpital sur un site de cartes postales anciennes sur la Seine-et-Marne et j'ai pu trouver un exemplaire de cette carte, puis une seconde. J'ai fait quelques recherches, mais sans résultat spectaculaire. Si vous avez des éléments complémentaires sur cet hôpital, n'hésitez pas à me contacter.
Dès le début de la guerre, il a fallu trouver des endroits pour soigner les blessés. Un certain nombre d'établissements, scolaires par exemple, ont été réquisitionnés et transformés en hôpitaux temporaires. A Melun, on en comptait plusieurs : Ecole Saint-Aspais (hôpital auxiliaire n°6, SSBM, 132 lits), collège municipal Jacques Amyot + Ecole Sieber (hôpital complémentaire n°12, 250 lits), Ecole normale d'institutrices (hôpital complémentaire n°20, 130 lits), Ecole normale d'instituteurs (hôpital complémentaire n°23, 135 lits), Ecole primaire supérieure de jeunes filles (hôpital complémentaire n°24, 80 lits). Ces hôpitaux étaient gérés par la Société de Secours aux Blessés Militaires (SSBM), l'Association des Dames Françaises (ADF) ou l'Union des femmes de France (UFF), ancêtres de la Croix Rouge française actuelle. Il y en avait aussi dans divers châteaux de la région, proches de Melun : château de Vaux-le-Vicomte (hôpital auxiliaire n°23, SSBM, 63 lits) et dans une propriété située au centre du village de Rubelles (hôpital auxiliaire n°50, SSBM, 40 lits).
carte postale Hôpital 50, Rubelles près Melun (S.-&-M.), | cachet Hôpital auxiliaire n°50 | Autre carte postale Hôpital 50, Rubelles près Melun (S.-&-M.), |
La liste de ces hôpitaux n'est pas facile à faire car ils n'ont pas tous fonctionné pendant la totalité du conflit. Certains ont même été créés et n'ont jamais fonctionné (château de Saint-Méry par exemple). Dans une liste, j'avais trouvé que cet hôpital avait fonctionné à partir du 16 juin 1915, pourtant cet hôpital figure dans un article de l'époque *1 indiquant que les hôpitaux de Melun avaient eu l'obligation de se retirer à Orléans pendant la bataille de la Marne (dépêche du 31 août 1914).
carte/photo villa l'Eau Vive |
Le comte Paul de la Forest-Divonne est né à Paris en 1874, il est le 2e fils du comte Charles de la Forest-Divonne et de Blandine Nompère de Champagny (du château de Trois-Moulins), fille de l'Académicien Franz de Champagny et petite fille du duc de Cadore. Il se marie en 1905 avec Adrienne Back de Surany, née à Constantinople en 1882. C'est probablement à ce moment qu'il s'installe à Rubelles puisqu'au recensement de 1901, il est indiqué au château de Trois-Moulins et en 1906, à Rubelles. Il est maire de Rubelles à partir de 1912 (voir photo années 30). Ils auront trois filles : Nicole (née en 1907), Yolande (née en 1909) et Blandine (née en 1916). Ils vivent à Rubelles dans une propriété : l'Eau Vive, traversée par le ru du Jard (ou ru de Voisenon), au centre du village. Paul participe à la guerre et c'est comme Lieutenant du 273e Régiment d'artillerie qu'il obtient la Légion d'honneur, après guerre. Il sera tué sur les routes de l'exode en 1940. Il figure comme victime civile sur la plaque commémorative des Morts des guerres 14/18 et 39/45.
Il mettra sa propriété de Rubelles, l'Eau Vive, à la disposition de la SSBM pour y établir un hôpital temporaire. Alors que le comte est mobilisé, sa famille reste-t-elle à Rubelles ? Ou déménage-t-elle dans une autre propriété familiale ?
enveloppe hôpital n°50, Rubelles près Melun (S&M) |
Si les documents sur l'hôpital auxiliaire du château de Vaux-le-Vicomte sont connus, y compris la liste des blessés qui y ont été soignés, ceux sur l'hôpital de Rubelles sont plutôt rares. Parmi le peu d'informations, cette mention dans un journal de l'époque *2 : Les braves à l'honneur : La médaille d'honneur des épidémies a été décernée à Mme Evette, infirmière-major de l'hôpital de Rubelles, près Melun, et précédemment en la même qualité à l'hôpital auxiliaire n°96, à Paris.
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On voit parfois des correspondances sur des sites de collectionneurs, comme cette carte représentant le château et datée de Rubelles, 3 décembre 1915 : Cher M et Mme Vannier. Je vous écris quelques mots pour vous donner de mes nouvelles, ça va bien à présent, je quitte l'hôpital lundi 6 décembre pour me rendre au dépôt de convalescence pour avoir ma permission... (signée Joseph Hardy)
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Combien de blessés sont passés dans cet hôpital ? Pour avoir un ordre d'idée, avec 63 lits, Vaux accueillit 1115 blessés en quatre ans de conflit *3.
Je lance un appel aux personnes qui pourraient compléter cet article...
(*1) Bulletin Société de Secours aux Blessés Militaires (04/1917), sur Gallica (B.N.F.)
(*2) Le Petit Parisien (20 juin 1916), sur Gallica (B.N.F.)
(*3) Mémoire d'un chef d'oeuvre Vaux-le-Vicomte par Patrice de Vogüé (2008 ; Imprimerie Nationale Editions, Paris)