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Bréau

Population : 208 habitants
Contenance : 123 hectares
Latitude 48º,43
Longitude 0º,38 Est
Altitude 112m au dessus du niveau de la mer

A l´extrémité sud de la riche et fertile plaine de Mormant, sur un sol de consistance moyenne se trouve situé le petit village qui a nom Bréau.
Coquettement assis sur la côte inclinée du Nord au Sud et traversé par la route départementale, Bréau doit sa salubrité à sa position.
Il est relié aux deux centres importants de La Chapelle-Gauthier et de Bombon par une route facile et bien entretenue.
Les habitants, de moeurs douces et hospitalières, vivent du produit de leur culture. L´ouvrier trouve facilement sa vie à gagner dans l´exploitation des bois et dans l´extraction des pierres à bâtir, c´est dire que le sol est boisé et qu´il renferme en outre , comme productions minérales, des gisements de pierres (fausse meulières).
Si à ce tableau nous ajoutons que la terre (argilo-calcaire) peut donner de bonnes de bonnes récolte et payer largement les sueurs du laboureur, nous expliquerons facilement ce fait, bien rare aujourd´hui, que depuis 100 ans la population de Bréau n´a pas diminué alors que tous les villages environnants ont perdu pendant ce laps de temps le cinquième de leur population.
La vigne, autrefois très prospère, va bientôt disparaître : le mildiou, la gelée et la grêle auront eu raison de cette plante dans un avenir rapproché.
Les arbres fruitiers qui étaient une richesse pour l´habitant ont été en partie gelés pendant l´hiver 1879-80.
Mais de nouvelles plantations s´élèvent partout, preuve nouvelle de cette ténacité du paysan français que le revers ne saurait abattre ; contre les fléaux il lutte et sort victorieux.
La commune ne possède aucun cours d´eau.
Le sol un peu frais donne naissance à de plantureuses essences telles que chêne, charme, etc, etc.
La plus grande partie des produits forestiers s´écoulent sur Paris par la Seine et le chemin de fer de Mulhouse.
L´élevage du bétail est inconnu à Bréau, point de moutons, très peu de vaches, quelques chèvres, un nombre assez restreint de volailles ; telle est, en quelques mots, la situation animale du pays.

Il existait, avant 1793, sur le sol de la commune un couvent de moines de l´ordre de Picpus ; sa construction remontait au 15e siècle. Il ne reste plus aujourd´hui qu´une partie des bâtiments, l´ancienne chapelle, convertie en grange. La propriété était entourée de murs qui subsistent encore en certains endroits.
Bréau possède un château récemment restauré avec le meilleur goût et un parc habilement dessiné.
Cette propriété a appartenu aux Seigneurs de Bombon.
Elle passa ensuite entre les mains d´un homme dont la mémoire est religieusement conservé dans le pays M. Garreau, ancien député sous l´empire.
Cet homme de bien mérita l´estime de tous par l´ardent désir qu´il montra d´être utile à son pays.
Ce fut lui qui, le premier, importa dans la contrée l´usage du drainage ; il prêcha l´exemple.
On peut encore voir, après un demi siècle, les premiers drainages que fit exécuter ce hardi novateur. Qui pourrait compter les millions que la France a réalisés en adoptant l´usage du drainage !
En faisant l´histoire de l´Enseignement dans la commune, nous aurons encore l´occasion de saluer le nom de cet homme de bien.
La commune doit encore à M. Garreau la fondation de son bureau de bienfaisance. En quittant la commune, il le dota d´une rente de 100f.
De temps immémorial Bréau a possédé un moulin à vent. Il a cessé depuis l´année dernière de tourner son aile à la suite d´un violent ouragan.
Il reste là, sur la colline, comme témoin des progrès réalisés par la vapeur.

Histoire de l´Enseignement

L´histoire de l´état de l´enseignement à Bréau avant 1789 fait absolument défaut. Au dire des vieillards que j´ai consulté, la commune n´a pas possédé de maître d´école avant la Révolution : tout porte à le croire puisque nous ne voyons de maison servant d´école que depuis 1800.
Les enfants fréquentaient l´école du bourg voisin qui n´est éloigné que de 2500m.
C´est en 1802 que nous voyons apparaître le premier maître à Bréau.
Un propriétaire, père de 12 enfants, qui fut 42 ans maire appréciant les bienfaits de l´instruction qui se faisaient déjà sentir fit venir un précepteur pour ses enfants, aménagea une pièce dans son habitation et permit aux personnes de la commune d´envoyer leurs enfants suivre les leçons du maître, moyennant rétribution (12 sous par mois). Ce maître resta dans la commune jusqu´en 1815 ; il s´appelait Guyot.
Il fut remplacé par un nommé Merciole avec mêmes attributions que le précédent ; ce dernier ne fit que passer, sa conduite laissant à désirer.
Le troisième maître, Poirat, est considéré comme véritable maître d´école pour la commune, nous sommes en 1820.
La commune se rendit propriétaire d´une maison d´école, assez convenable pour l´époque, à en juger par ce qui en reste aujourd´hui.
Le local fut inauguré par un nommé Degrais en 1835. Il eut pour successeur un appelé François qui ne marqua son passage par aucun fait digne de remarque.
L´installation des maîtres à cette époque ne souffrait aucune difficulté : la commune était toujours administré par le même maire, avec de l´instruction, M. lauret dont il a été question plus haut.
Nous arrivons à la monarchie de 1830, époque où se produisit partout un revirement en faveur de l´instruction populaire.
Un habitant d´un village voisin occupa en qualité de bédaud à l´église de Bombon, demanda la place de Bréau comme instituteur .
La demande fut agréé par le Conseil municipal.
Son instruction laissait à désirer, ce qui lui suscitait des ennuis. Fort heureusement, la commune possédait comme châtelain un homme ami de l´instruction, M. Garreau, qui fut depuis député sous l´empire.
Pour enlever tout prétexte, on décida que Siméon, c´était le nom du nouvel instituteur irait passer trois mois à l´Ecole normale de Melun.
M. l´Inspecteur d´Académie promettait, ce laps de temps écoulé, de rendre le maître à la commune, sage mesure pour l´époque et qu´on ne saurait trop louer, elle permettait aux maîtres de cette époque de se trouver à la hauteur de leur mission.
Siméon, dont la mémoire est encore présente à l´esprit de ses élèves qui n'en parlent qu'avec reconnaissance, montra une rare aptitude dans sa profession. Son école fut citée aux environs comme la meilleure. Les élèves des communes environnantes affluèrent. La petite commune de Bréau compta jusqu´à 100 élèves présents à l´école.
La municipalité répondit au zèle de son instituteur. Elle acheta une nouvelle maison d´école qui ne répondait qu´imparfaitement aux nécessités du moment. Ecole sombre, local exigu. On se demande comment le Maître pouvait enseigner dans un pareil milieu étant donné une population enfantine si nombreuse. Ah ! Ils avaient du mérite nos devanciers !
Ce dernier souvenir de l´enseignement de 1830 va disparaître sous le marteau du maçon pour donner place à une large avenue.
La mort surprit Siméon, jeune encore, au milieu de ses travaux. Comme le soldat, il mourut sur la brèche. Les vieillards d´aujourd´hui aiment encore à citer le courage de leur maître.
Siméon avait son habitation à Bombon, village situé à 1500m. Tous les matins à la première heure le maître était à son poste.
On le voyait arriver par des chemins impraticables, chaussé de grandes bottes.
Pour tout mobilier, l´école possédait une grande table, des bancs pour les petits complétaient le modeste mobilier. C´était alors l´école : à 30 sous pour les lettrés, à 12 sous pour le reste.
Et maintenant, quand on compare les résultats obtenus aux faibles moyens que possédait ce maître, on se sent pris d´admiration pour ces hardis pionniers de la 1ère heure.
On ne peut s´empêcher d´admirer le courage et l´abnégation de ces vétérans qui nous ont facilité la tâche en ouvrant le chemin. Toute la génération contemporaine de Siméon sait lire et écrire, c´est le plus bel éloge qui plaide en faveur de ce maître.
Le poste de Bréau, devenu vacant à la mort de Siméon, l´Administration envoya, pour cultiver le champ des jeunes intelligences, le nommé Poirat, homme simple et bon qui sut se faire aimer. Il cumulait les fonctions de Maître d´école, chantre, sacristain, sonneur, etc, etc.
Ce digne instituteur affectionna tout particulièrement la commune et quand l´age du repos eut sonné, il voulut terminer sa carrière dans le village témoin de ses derniers efforts.
Sous ce maître, la commune acquit une propriété qu´elle transforma en maison d´école. M. Garreau donna une partie de l´argent nécessaire, prêta l´autre et plus tard fit cadeau à la commune de ce qui lui était dû. Cette maison d´école est actuellement affectée au service de l´enseignement.
Nous sommes en 1865, toutes les idées se tournent vers l´instruction, l´Empire est dans la plénitude de sa grandeur, il vient de dicter des lois à l´Autriche, nous avons fait l´unité de l´Italie.
L´Empereur s´apprête à convier toutes les grandes puissances à l´exposition de 1887 [ndlr: 1867]. Les idées libérales ont fait du progrès. L´Instruction obligatoire et gratuite est réclamée partout.
Déjà le gouvernement en favorisant l´extension des listes des enfants gratuits et en rétribuant l´Instituteur suivant le nombre d´élèves gratuits a fait un pas décisif et préparé les voies.
L´Administration envoya pour remplacer Poirat un jeune homme sortant de l´école normale, il ne fit que passer à Bréau. Il n´appartient pas à celui qui écrit ces lignes de s´appuyer longtemps ici, car il connut comme condisciple, Maugis, qui ne sut pas trouver le moyen de se faire estimer, il était jeune… que la terre où il repose lui soit légère !
A Maugis succède le nommé Cannelle qui resta 2 ans en qualité d´Instituteur à Bréau : on se rappelle à peine son passage dans la commune.
Collau vint ensuite occuper le poste pendant un temps très court.
Nous sommes en 1870, le soldat étranger foule le sol de la Patrie.
Pendant ce temps le poste fut confié à un nommé Leroy qui resta quelques années à Bréau pour aller s´éteindre dans un poste voisin, enlevé par la phtisie qui ne pardonne pas.
La commune eut alors pour Maître, Thiercelin, qui exerça quatre années. Ce fut sous cet instituteur que le 1er certificat d´études fut mérité par un élève de l´école de Bréau, nous sommes en 1875.
Ce maître a quitté d´Enseignement. Il fut remplacé par Berthy.
A cette époque se produisit un événement qui fait époque dans l´histoire d´une commune.
Le nouveau propriétaire du château de Bréau, Monsieur le Comte Martin du Nord, mû par un sentiment qui l´honore, fonda une école libre de filles et appela les sœurs de l´ordre de Portieux à en prendre la direction en 1875.
Parents d´élèves trouvèrent dans cette fondation l´instruction d´une part et certains avantages qui ne sont pas à dédaigner pour un ménage qui a besoin de compter. Fournitures gratuites, livret de caisse d´épargne, dons en nature tout est donné par une main généreuse qui ne cherche qu´à faire le bien.
L´honorable directrice, appelée à diriger cet établissement naissant, a su se tenir constamment à la hauteur de l´époque.
5 élèves reçus au certificat d´études, en ces dernières années, témoignent hautement en sa faveur.
Depuis cette époque, l´Ecole de Bréau transformée en Ecole de garçons, ne compte plus que 14 élèves environ.
En 1880, Monsieur Damour miné par une terrible maladie qui devait l´emporter, arrivait à Bréau. Il y resta 7 années.
Plus fort que le mal qui le rongeait, lentement Damour résista jusqu´à la dernière heure.
Puisant son courage dans le devoir à accomplir, il voulut mourir les armes à la main. C´est ainsi que la mort le surprit le 6 février 1887.
Cet instituteur fit recevoir 3 élèves au certificat d´études.
Grière, Thorigny, Jeannard.
Près de mourir, il demanda à reposer dans la commune où il a laissé les plus vives sympathies, ses dernières volontés ont été religieusement exécutées.
Et maintenant, celui qui a essayé d´esquisser à grands traits l´histoire des hommes utiles qui se sont succédés dans la commune de Bréau est à l´œuvre pour continuer cette chaîne mystérieuse d´hommes dont la seule ambition est d´être utile à leurs semblables.
L´œil fixé vers le but, sans jamais se laisser décourager par les ennuis de toute nature qui surgissent à chaque pas, il puise sa force dans le devoir à accomplir.

Bréau 1er décembre 1888
L´instituteur
Richomme

Enfants reçus au certificat d´études
1887 Richomme Paul, âgé de 12 ans
1888 Boutillier Paul âgé de 11 ans

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