retour Accueil Monographie de Bombon

Département de Seine-et-Marne

Circonscription d´Inspection primaire de Melun

Canton de Mormant

Commune de Bombon

C. Decaux, Instituteur

AD77

 

1ère Partie - Notice Géographique

Bombon est un assez joli village situé de chaque côté du chemin de grande communication nº57 de La Chapelle-Gauthier à Moissy-Cramayel ; il fait parti du canton de Mormant, de l´arrondissement de Melun et du département de Seine-et-Marne ; sa population est de 692 habitants (recensemt de 1886) et son territoire, incliné du nord au sud et traversé de l´est à l´ouest par les rus de la Prée, des Moines et d´Ancoeur, tributaires du ru de Varvanne, affluent de l´Almont qui se jette dans la Seine, comprend 1514 hectares dont 995 de terre cultivée, 476 de bois et 43 de propriétés bâties.
Située à 120 mètres au dessus du niveau de la mer, à 0 degré 33 minutes de longitude est, et à 48 degrés 34 minutes de latitude nord, la commune de Bombon, distante de cinq kilomètres du chef-lieu de départemal comprend la section dite du village et les hameaux du Moulin, de Magenta, des Trayans, de Montjay et des Epoisses ; son Territoire très boisé au sud et à l´est, borné au nord par celui de Mormant, à l´est par ceux de St-Ouen, de Lady, de La Chapelle-Gauthier et de Bréau, au sud par ceux de La Chapelle-Gauthier et de St-Méry, et à l´ouest par celui de St-Méry, est sillonné par la route départementale nº3 de Melun à Nangis et par le chemin de grande communication nº57 déjà nommé ; il comprend en outre (8302 kilomètres) de chemins vicinaux assez bien entretenus qui permettent de communiquer avec les hameaux de la commune et les localités de Mormant, Lady et Châtillon-la-Borde.
La partie nord du territoire de Bombon est un plateau très fertile où on cultive en grand le blé, l´avoine et la betterave à sucre ; la partie sud sillonnée par la sinueuse vallée d´Ancoeur, est assez pittoresque, mais le sol très pierreux ne convient guère qu´à la culture de la vigne. L´est et l´ouest sont assez fertiles. A l´est du village on exploite plusieurs carrières à ciel ouvert dont le sable et le grès sont employés surtout dans les constructions et dans les travaux de pavage ; il y a aussi au sud du village plusieurs carrières de pierres à ciel ouvert dont les matériaux sont vendus pour être employés dans les constructions de maisons ou les réfections de chaussées.
Dans la vallée d´Ancoeur existe un four à chaux qui fonctionne une partie de l´année ; la chaux provenant de la pierre extraite dans la vallée est vendue aux cultivateurs comme engrais ou aux maçons pour les constructions.
Les productions du sol ; betteraves, céréales, fourrages, pommes de terre, haricots, fruits, légumes, etc. suffisent amplement aux besoins de la population qui écoule le surplus vers la capitale par la ligne de l´est située à 6 kilomètres du pays, ou sur les marchés de Melun, de Mormant et de Nangis.
Au centre du village se trouvent deux grandes fermes où on remarque dans chacune une vingtaine de belles vaches normandes dont le lait est vendu aux ménagères ou employé dans la fabrication du beurre et du fromage ; ces deux fermes de construction ancienne possèdent aussi chacune un joli troupeau de 450 moutons environ et 18 à 20 chevaux ; elles appartiennent toutes deux à M. le Comte de Segonzac, propriétaire du château de Bombon situé au sud du village. Ce château qui date du 17e siècle, et qui avait autrefois deux étages, est entouré de larges fossés remplis d´eau.
Un autre château de construction plus moderne est situé à Montjay, à environ deux kilomètres du village ; il est habité par M. le Comte de Bonneuil qui en est propriétaire.
La construction la plus ancienne de la commune est l´église qui date du XVIe siècle : le clocher qui s´élève à près de quarante mètres au dessus du sol est une tour carrée garnie de huit contre forts dont 2 à chaque angle ; construite en énormes grès superposés, elle est terminée par quatre clochetons ayant la forme d´une pyramide quadrangulaire et surmontés d´un cinquième plus élevé. L´église est précédée d´un porche et d´un large escalier composé de treize gradins d´une longueur de près de dix mètres. On remarque aussi dans la commune une ancienne grange des dîmes appelée grange des Rognères (mot dérivé probablement de rognures), les ruines d´un ancien couvent au hameau des Trayans, et , dans le village, trois pressoirs à cidre qui fonctionnent tout le jour et souvent la nuit au moment de la fabrication.
La commune possède à l´est du village un lavoir communal ; il y a aussi sur le territoire deux lavoirs particuliers : l´un appartient à M. le Comte de Segonzac et l´autre à M. le Comte de Bonneuil.

2ème Partie - Histoire de l´Enseignement

Le 16 pluviôse an onze de la République française le registre des délibérations du Conseil municipal fait savoir que le citoyen Pierre Sacré s´est présenté devant le Conseil mal assemblé pour remplir la place vacante d´instituteur et que cette assemblée, après avoir pris des renseignements sur la science et les mœurs du dit citoyen Pierre Sacré, l´agrée et en conséquence nommé instituteur de la commune pour y tenir l´école primaire, et y enseigner aux enfants à lire, à écrire et le calcul décimal. En 1832 le traitement annuel du maître instituteur était de 240 francs, montant de la rétribution payée par les parents des élèves et du traitement alloué par la commune.
M. Pierre Sacré a eu pour succesre M. Lambert, père de famille de huit enfants, et dont le logement ne comprenait qu´une seule pièce. Cet instituteur faisait la classe dans une salle étroite, basse, mal éclairée, non carrelée, et dans laquelle il y avait un four et un escalier conduisant au grenier : des planches scellées après les quatre murs servaient de bancs aux élèves, et une grande table s´étendant d´un bout à l´autre de la classe servait aux plus avancés pour écrire. Les enfants des deux sexes se réunissaient dans cette classe qui ne possédait ni livre, ni tableau noir ; les volumes en usage dans l´école étaient ceux que les enfants apportaient de chez leurs parents, aussi étaient-ils peu nombreux. En 1817, destitué par le Conseil mal, M. Lambert quitta la commune, devint ouvrier terrassier et tomba dans une profonde misère.
Le sieur Degrais, présenté par M. le Curé, le remplaça sauf à remplir les formalités prescrites pour obtenir son diplôme et l´autorisation de M. le Préfet et du comité cantonal ; son traitement fut porté à 300fr, mais à condition de s´engager à instruire gratuitement les enfants pauvres présentés par M. le Maire et M. le Curé.
Le 15 mai 1821, le Conseil mal, sur la déclaration faite par le sieur Degrais que la réduction sur le budget des sommes qui lui étaient allouées il ne pouvait rester instituteur , et qu´il quitterait cette fonction au 1er septembre prochain, a reçu et agréé M. Louis Benjamin Delaforge, présenté par M. le Curé ; sauf au dit Delaforge à se pourvoir du diplôme qui lui est nécessaire.
Le 11 août 1833 il a été alloué à l´instituteur un traitement fixe de 200fr, plus 60fr d´indemnité de logement pour l´éducation de 20 enfants pauvres ; il recevait en outre, par mois, pour les autres élèves, savoir : 0f60 pour les enfants qui apprenaient à lire, 0f75 pour les enfants qui apprenaient à lire et à écrire, 1fr pour les enfants qui apprenaient le calcul et la grammaire.
A la même séance, le Conseil mal a été d´avis qu´il soit pourvu à l´acquisition d´une maison d´école. Le 18 mars de l´année suivante M. Bienné, curé, loua à la commune pour six années consécutives et moyennant a somme de 115fr par an, un local qui servit de maison d´école.
Ce n´est qu´à partir de cette époque que le traitement de l´instituteur est sensiblement augmenté et se trouve porté à 500fr, non compris la rétribution payée par les familles.
La même année la commune a dépensé pour appropriation de la maison d´école la somme de 438f65 ; ce n´est donc qu´à partir de 1834 que la commune de Bombon a possédé une maison d´école à peu près convenable.
Le 9 octobre 1834, M. Delaforge, instituteur a été installé dans ses fonctions par les membres de Comité.
Après avoir prêté serment en ces termes : " je jure fidélité au Roi des français, obéissance à la charte constitutionnelle et aux lois du royaume ". M ; Delaforge a exercé les fonctions d´institre dans la commune jusqu´au 8bre 1856, il a eu pour successeur M. Nanjou remplacé en 1859 par M. Petit qui a exercé dans la commune jusqu´au 26 août 1883. M. Decaux a succédé à M. Petit et exerce dans la commune depuis cette époque.
La maison d´école de garçons qui existe actuellement est située au nord du village, près de l´église, elle a été construite en 1860 et a coûté 16495fr64, elle est trop petite en raison du nombre d´élèves qu´elle reçoit, et elle est mal éclairée, les enfants recevant la lumière venant du midi, en face, celle qui vient du nord, en arrière et la lumière venant du couchant à droite ; le mobilier qui date de 1860 comprend 6 tables longues à 8 places garnies de pupitres ; en 1882 la commune a fait l´acquisition d´un terrain contigu au jardin de l´institre pour la construction d´un magnifique préau couvert de 16m de long sur 6m de large dans lequel ont lieu les exercices militaires et de gymnastique.
Le préau sert aussi à abriter les enfants pendant les récréations quand le temps ne leur permet pas de prendre leurs ébats dans la cour située devant la maison d´école.
Bombon ne possède pas encore d´école communale laïque de filles ; mais il existe dans la commune depuis 1846 une école privée de filles appartenant à M. le Comte de Bonneuil qui l´entretient ; située au centre du village et dirigée par les sœurs de la Providence de Portieux, elles comprend 2 classes et une école maternelle.
Le 15 novembre 1882 le Conseil mal décida d´acquérir par expropriation, pour la construction d´une école commle de filles, un terrain de 47 ares situé au centre du village, lieu dit le Clos du Pressoir, et appartenant à Mme la Comtesse de Segonzac. Le 15 juillet suivant le même conseil, après avoir cherché vainement un emplacement convenable autre que celui qui est indiqué ci-dessus, renonça à tout projet de construction, l´expropriation ayant paru entraîner la commune dans une trop grande dépense.
Le 2 9bre 1888, en réponse à la lettre de M. le Préfet en date du 31 juillet dernier pour laquelle le Conseil mal est invité à donner son avis sur la création d´une école publique de filles.

Le Conseil mal,
Considérant que la commune est surchargée d´impositions extraordinaires pour le service d´emprunts précédents,
Qu´il existe dans la commune une école libre qui répond suffisamment aux besoins du service de l´instruction.
Que la part contributive de la commune à la construction d´une école atteindrait un chiffre élevé,
Qu´il faudrait pourvoir au traitement de 2 institutrices et d´une directrice d´école maternelle pour remplir le but qui est atteint actuellement,
Qu´il ne se produit aucune réclamation dans la commune au sujet du mode d´instruction en vigueur, a prié Mr le Préfet d´autoriser la commune de Bombon à surseoir à tout changement.

Tableau des instituteurs qui ont exercés dans la Cne

Nom

Date de l'entrée en fonctions
dans la commune

Date de la sortie

M.M. Sacré

16 pluviôse an 11

1814

Lambert

1814

1817

Degrais

1817

1er 7bre 1821

Delaforge

1er 7bre 1821

1er 8bre 1856

Marjou

1er 8bre 1856

6 7bre 1859

Petit

6 7bre 1859

25 août 1883

Decaux

25 août 1883

3e Partie – Histoire locale.

Bombon faisait autrefois partie du diocèse de Sens et du bailliage de Melun. La terre du seigneur de Bombon fut érigé en comté le 6 février 17 ?? en faveur de Basile de Brenne de Pastel. Le premier acte inscrit sur les registres des baptêmes, mariages et sépultures date de 1597 : il a été dressé par le curé de Bombon, ce n´est qu´à partir de 1793 que les naissances ont été constatées sur les registres par les Maires.
La population de la commune n´a jamais dépassé le nombre de 800 habitants qui a été constaté au recensement de 1866. En 1846 le chiffre de la population était de 679, il a augmenté de 127 en 20 ans (de 1846 à 1866) et de 1866 à 1886, c´est à dire dans le même laps de temps, il a diminué de 114.
Comme personnage illustre ayant habité la commune il faut citer M. Loison Antoine Robert né à Bombon le 31 mars 1808 et décédé à Neuilly-sur-Seine le 15 juillet 1876. Homme de lettre, il fut deux fois récompensé : le 8 mai 1845 l´Académie de Reims lui décerné un prix d´éloquence (médaille d´argent) pour son mémoire : Influence de Colbert sur son siècle ; et le 5 juillet 1855, la société littéraire de Montauban lui décerné un prix de poésie (médaille d´or) pour un poème : La France en Orient : ces 2 médailles acquises par la commune par délibération du Conseil municipal du 19 9bre 1876 sont exposées dans la salle de la mairie au dessus du buste de la République.

Concours international de machines agricoles.

Toutes les machines et instruments agricoles exposés au palais du Champ de Mars (Exposition Universelle) ont du être mis à l´œuvre pour fixer l´opinion du jury. M. Chertemps, agriculteur à Rouvray et les Epoisses a mis son exploitation magnifique à la disposition de M.M. les jurés et les exposants.
Le lundi 22 juillet 1878, à huit heures du matin, commençait dans la pièce de Couleuvreux derrière les Epoisses et dans la pièce Derrière le Bois ou St-Julien, le concours des faucheuses et moissonneuses.
Il y avait beaucoup de monde mais à deux heures du soir, le concours des moissonneuses-lieuses qui a eu lieu dans la pièce de la Vidange à quatre cent mètre environ de Bombon avait attiré une foule énorme qu´on peut évaluer à environ 20.000 personnes. On remarquait M. le Ministre de l´agriculture, M. le Préfet et M.M. les Sous-Préfets de Seine-et-Marne, les Conseillers de Préfecture, tous en uniforme ; les sénateurs et les députés de Seine-et-Marne, la plupart des conseillers généraux du département, les membres du jury de l´Exposition Universelle (section agriculture), beaucoup d´étrangers présents à Paris, entre autres sept à huit chefs Kabyles et plusieurs japonais, dont les costumes tout particuliers ont réjoui les bons villageois d´alentour, une foule d´agriculteurs de toute les parties de la France et même de l´étranger, enfin une quantité considérable de curieux de tout âge et de tout sexe.
Une moissonneuse à vapeur a fonctionné avec succès dans l´après midi : la perfection du travail des moissonneuses-lieuses a surtout frappé les visiteurs.
Le soir vers six heures, un banquet de cinq cents couverts, dressé sous une tente vaste et brillante réunissait les notabilités dont il a été question. Il y a eu discours et toast.
A neuf heures du soir, une machine électrique a lancé ses projections de lumière sur une pièce d´avoine située en face du banquet, laquelle a pu être coupée par une moissonneuse.
Des milliers de lanternes vénitiennes brillaient de mille couleurs dans les branches des poiriers ; le coup d´œil était féerique.
Chacun gardera longtemps le souvenir de cette fête brillante digne de la lutte pacifique des nations qui venait d´avoir lieu dans notre fertile plaine de la Brie.

Bombon le 5 décembre 1888.

L´instituteur

C. Decaux

mise à jour le