la Rue de Trois-Moulins ”
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“ En flânant dans la ville : la Rue de Trois-Moulins ” |
Article “ La République de Seine-et-Marne ” (1968) :
Cet article a été repris dans une série de fascicules*1 sur les rues de Melun (par J. et Henri Clayette). On suit la rue de Trois-Moulins depuis le hameau jusqu'à entrer dans la ville de Melun.
Appelons un chat, un chat, Rolet, un fripon... et le lieu où sont établis le “ moulin d'en haut ”, “ le moulin du milieu ” et “ le moulin d'en bas ”, le hameau de Trois-Moulins, et c'est tout simple. “ Le moulin d'en haut ”, en bordure du chemin de Maincy à Rubelles, est dit encore “ le moulin du roi ”, car il relève du roi et figure, avec le moulin de Poignet, dans la vente que fit Henri IV, toujours à court d'argent, à M. de La Grange, gouverneur de Melun, le 7 décembre 1534.
Moulin banal, il était le seul des trois à moudre de la farine, car les deux autres, jusqu'à la fin du XVIIe siècle, servaient de foulons à drap. Les habitants de Melun, mais aussi de Vaux-le-Pénil, Aubigny, Livry et Chartrettes, qui n'étaient pas tenus à la banalité, éprouvaient de la difficulté à faire moudre leur blé et réclamèrent la conversion des deux moulins à foulons à drap en moulins à blé, ce qui fut fait par lettres patentes du roi en 1678.
Un exemple précis montre une dame Fauré, venue de Paris à Melun, faire sa moisson, attendre huit jours le bon vouloir des trois meuniers du pont aux Moulins de notre ville pour s'entendre déclarer qu'ils avaient trop de blé dans leurs moulins et devoir envoyer moudre son blé à Arcueil.
Le “ moulin du milieu ” et le “ moulin d'en bas ”, habilités à se transformer, pouvaient porter préjudice au moulin du roi, et leurs propriétaires durent envisager d'indemniser le roi du dommage qu'il pourrait avoir et durent également prendre l'engagement de ne pas accepter de moudre le blé des habitants assujettis à la banalité.
La “ chicane ” ne perdait pas ses droits - nous sommes au temps des plaideurs et M. Jean Racine a conduit sa fille au couvent des Ursulines, à Melun -, les, procès se succèdent. Le meunier “ d'en bas ” se voit condamné à 60 livres d'amende envers le roi pour fraude sur la quantité de farine rendue aux habitants, et le meunier “ d'en haut ”, pour la même faute, avec les 6 livres qu'il doit débourser, se voit menacé de punition corporelle s'il récidive... “ Moulin, mouds fin. moulin, mouds bien... ”.
Quittons le hameau de Trois-Moulins pour recevoir en notre ville, par le chemin qui serpente à travers les prairies et marais du Vivier où paissent les “ bestiaux ”, des habitants des Carmes et du Vieux-Marché. Voici la porte Saint-Jean. Personne ne nous en a livré les clés à l'image de “ Jehan de Trois-Moulins ”, lequel, en 1358, “ s'est rendu ennemi et rebelle de nostre dict seigneur, de nous et de la couronne de France et a porté la clef de la porte de Bierre à ladicte ville de Melun aux diz ennemis ”. Le trésor des Chartes garde le souvenir de cette traîtrise qui livrait le quartier Saint-Ambroise aux Navarrais.
Paix à son âme, et avant de pénétrer dans “ notre bonne ville ”, rejetons plusieurs siècles dans le passé et jetons un regard à la filature de lin qu'installa, à Trois-Moulins, le sieur Jean Goutaillier, en 1848.
Désirant intensifier la culture du lin, il lance un appel aux agriculteurs et prévoit l'implantation, à Melun même, d'une fabrique qui n'emploierait pas moins de 1500 à 2000 ouvriers des deux sexes.
Nous voici à Melun, près du moulin Poignet, avant de rejoindre le pont aux Moulins.
Nous avons appris avec émotion, mardi, le décès de M. Henry Clayette, survenu à l'âge de 69 ans.(“ La République de Seine-et-Marne ” du 9 janvier 1989)
M. Henry Clayette était gravement malade depuis plusieurs mois, et avait eu la douleur de perdre son épouse, décédée subitement le mois dernier.
Avec les nombreux amis qu'il comptait dans notre ville et dans notre région, nous adressons à ses enfants et petits-enfants si cruellement éprouvés, nos bien sincères et amicales condoléances.
M. Henry Clayette avait pendant de longues années enseigné à Melun, de nombreux habitants de notre ville ont été les élèves au collège des Capucins de ce professeur, intelligent, cultivé et bienveillant.
Doué d'un grand talent d'historien, Henry Clayette, remarquablement aidé par son épouse, s'était passionné pour l'histoire de Melun. On lui devait une série de fascicules fort bien construits, consacrés aux divers quartiers de Melun. Il fut aussi l'auteur d'un ouvrage fort bien documenté et écrit : “ Melun, pas à pas ”.
Devenu le meilleur historiographe de Melun, Henry Clayette, avait aussi consacré des études très remarquées, à notre département, à ses écrivains, à son histoire.
Nous ajouterons qu'il avait signé de nombreuses chroniques dans notre journal qui perd un collaborateur de qualité.
(*1) “ MELUN, En flânant dans les rues... ” par Jacqueline et Henri Clayette (12 fasc.), Imprimerie “ La République ” (1977-...)